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Le crime des sœurs Papin
février

Le crime des sœurs Papin
L'une des affaires criminelles les plus marquantes du XX siècle; comparable en cela aux procès Landru, Petiot ou Dominici, en raison de sa violence comme du mystère qui recouvre ce massacre.
Le jeudi 2 février 1933, au Mans, enfin d'après- midi, monsieur Lancelin, ancien avoué, administrateur des Mutuelles du Mans, rentre chez lui pour y chercher sa femme et sa fille Geneviève, âgée de 28 ans. Il trouve porte dose. Un peu plus tard, la police découvre, dans l'escalier, un œil humain. Puis, sur le palier, deux corps horriblement mutilés, allongés l'un sur le dos, l'autre sur le ventre: les cadavres de madame Lancelin et de sa fille.
L'affaire passionne immédiatement l'opinion de par le mystère qui l'entoure et l'horreur de ce double crime.
Le cas, il est vrai, est peu commun. Restées sur place, enfermées dans leur chambre, après le double meurtre, les deux sœurs, qui travaillaient depuis six ans au service des Lancelin, reconnaissent l'assassinat. Interrogées le soir même, les sœurs racontèrent qu'après avoir massacré la mère et la fille Lancelin, elles se sont lavées dans la cuisine, sont remontées dans leur chambre puis se sont couchées dans le même lit, attendant visiblement que la police vienne les arrêter.
La veille, le fer à  repasser électrique s'était détraqué, comme cela s'était déjà  passé une autre fois. Il fallait donc rattraper le temps perdu, mais à  nouveau ce jour-là  le fer cessa de fonctionner, plongeant la maison dans le noir. Les deux sœurs attendirent donc le retour de leurs patronnes, parties rendre visite à  la fille aînée des Lancelin. A leur retour, Christine serait allée à  la rencontre de madame Lancelin, annonçant la panne.
Que s'est-il alors véritablement passé ? Quels mots ont été échangés? Quel a pu être l'élément déclencheur de l'effroyable suite ? On peut supposer que les choses se sont enchainées très vite sur le palier où l'on a retrouvé les cadavres ; la patronne, madame Lancelin, portait encore son manteau et ses gants.
Christine affirme qu'elle a été agressée, que sa patronne aurait marché sur elle et lui aurait porté des coups. La bonne dut immédiatement répliquer car Geneviève Lancelin se serait précipitée au secours de sa mère, suivie par Léa Papin, venue en aide à  sa sœur en la frappant avec le pot d'étain qui était placé sur le guéridon.
Outre le pot d'étain, on sait que les bonnes utilisèrent des couteaux (dont un que Léa partit chercher à  la cuisine) et un marteau pour frapper leurs patronnes. C'est ainsi que les visages des victimes furent frappés au point de devenir méconnaissables, que leurs sous- vêtements furent déchirés, leur sexe mis à  nu, les fesses de la fille atrocement tailladées. On estime que le massacre dura une vingtaine de minutes.
C'est du moins ce que conclut le greffier appelé sur place pour recueillir les déclarations des deux sœurs.
Pour expliquer l'inexplicable, de nombreux observateurs évoquent, bien sûr, la thèse de la folie, mais pour certains, il s'agirait d'un crime de «haine sociale ». Les deux sœurs orphelines ont été placées dès l'âge de 14 ans comme domestiques et subi les abus et les humiliations que beaucoup de domestiques subissaient à  l'époque, accumulant mille rancunes. Il s'agirait donc d'un crime de classe qui se serait transformé en crime de haine.
Mais le témoignage des deux sœurs, attestant avoir été plutôt bien traitées par leurs patronnes, semblent contredire cette deuxième thèse. M. Lancelin, quant à  lui, parlent des deux sœurs comme des servantes modèles donnant entière satisfaction et de bonne moralité.
Les sœurs sont déclarées , par les experts de l'époque, saines d'esprit. Ce crime sadique mais non prémédité reste donc une énigme.
Leur procès d'assise s'ouvre au Mans à  la fin du mois de septembre 1933 ; il ne dure que deux jours et les deux femmes sont reconnues, par le juré , conjointement responsables de ces crimes et sans circonstances atténuantes . Christine Papin, jugée responsable du double meurtre, est condamnée à  mort. Elle sera graciée (comme presque toutes les femmes condamnée à  mort sous la IIIe République) par le Président Albert Lebrun et décédera trois ans plus tard à  l'hôpital psychiatrique de Rennes. Sa sœur, jugée responsable d'un seul meurtre, est condamnée à  dix ans de travaux forcés et sera libéré en 1943.Le procès des soeurs Papin
Les soeurs Papin

(France - Affaires criminelles - - - - )


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02/02/2023 19:54